L'apparition de l'Oeil-de-Nuit

Lorsque vous vous approchez d'Oeil-de-Nuit, il vous regarde fixement. Dans ses yeux brillent une douce lueur rouge, lorsque soudain, sans dire un mot, il vous tend un carnet à la couverture de cuir hors d'âge. "Voilà ce qui reste de ma vie", soupire-t-il. Et dans un grognement, il se détourne de vous. Vous ouvrez machinalement l'ouvrage et remarquez qu'il ne reste qu'une poignée de pages, que vous commencez à feuilleter.


Journal du Lieutenant Marvin Mac Call, 7 septembre 1864
J'ai reçu une lettre aujourd'hui. De Washington. Atlanta est tombée. Ils n'ont plus besoin de moi. Mais je ne me laisserai pas prendre vivant.


Journal du Lieutenant Marvin Mac Call, 12 septembre 1864
Je ne sais pas combien de temps j'arriverai à leur échapper. Ils étaient mes frères, nous avons combattu côte à côte. Et ils me traquent, comme une bête. Je laisse mon journal de bord ici, dans cette souche, en espérant que quelqu'un le trouve et liste mon histoire. La voilà.

Je suis une erreur de Dieu, un monstre. Même si ça ne se voit pas, au fond de moi gronde quelque chose. Quelque chose qui me pousse à combattre, qui me pousse à tuer. Et qui ne me laisse pas mourir. Chaque bataille je souhaite qu'une balle me frappe en plein coeur, qu'un boulet de canon me fauche; mais chaque fois que cela se produit je me relève. Et je repars. Je suis maudit. Mais cette malédiction fait aussi ma valeur. C'est pour cette raison que l'armée m'a enrôlé et m'a confié une unité, surnommés "les morts qui marchent." Car à chaque mission, moi seul en reviens.

Maintenant que la guerre civile est terminée, je représente une menace à leurs yeux. Et ils me préfèrent me savoir mort que vif, certainement.
Vous qui lisez cette histoire, sachez que je n'ai pas choisi d'être qui je suis. Que j'ai toujours fait mon possible pour rester bon et droit.


Journal de l'Oeil-de-Nuit, 14 juillet 1901
Ainsi, personne n'a lu mon journal. Il était là, intact - quoique vieillit - là où je l'avais laissé. Je vais donc continuer mon histoire. Les yankees ne m'ont pas retrouvé. Je me suis réfugié chez les Chikawas, une tribu Apache, qui m'a nourri, logé, épaulé. Ils m'ont vu étrangler un bison à mains nues, et pourtant, ils ne me craignaient pas. Au contraire.

Selon eux, je n'étais pas une erreur de Dieu, j'étais un être béni de Wakatanga, le dieu-totem protecteur, l'Ours. Comme je dormais peu et que mes yeux brillaient dans l'obscurité, ils m'ont nommé "Oeil-de-Nuit." Les indiens n'aiment pas nos noms occidentaux.
Des années sont passées. La mort ne voulait toujours pas de moi. Je ne vieillissais même plus. J'ai fini par partir, sans savoir pourquoi ni où aller. Et me revoilà devant cette maudite souche !


Journal de l'Oeil-de-Nuit, 27 mars 1946
Je n'aurai jamais dû me rengager dans l'armée ! J'ai tellement tué... Sentir la vie s'échapper entre ses mains... La satisfaction d'être recouvert du sang de ses ennemis... Les corps à corps brutaux où un seul peut survivre... Je n'aurai pas du. Même l'éternité ne suffirait pas à me racheter. Et je suis bien parti pour le vérifier.


Journal de l'Oeil-de-Nuit, 30 juin 1946
Jamais je n'oublierai ce que j'ai fais. Jamais je ne me le pardonnerai. Mais il n'appartient qu'à moi que cela ne se reproduise plus. Inverser la tendance, pour chaque vie prise, en sauver dix.


Journal de l'Oeil-de-Nuit, 4 décembre 1946
Qu'ont-ils fait de moi ? Je suis... Un monstre ! Ils m'ont transformé, de l'intérieur. Ce qu'ils appellent l'A.D.N, ce qu'on est, ils m'ont changé. Mon visage est... Indescriptible. Mes bras sont devenus si énormes, mes jambes si puissantes que je peux soulever un camion... Que suis-je devenu ?

JE ME VENGERAI !


Journal de l'Oeil-de-Nuit, 17 novembre 1970
Tous les membres du laboratoire militaire Génésys sont morts. Tous. Ils ont payé pour ce qu'ils m'ont fait.
Je suis apaisé.


Journal de l'Oeil-de-Nuit, 29 janvier 1991
Le monde est en train de changer. Tout comme moi.

J'ai rencontré un homme nommé Bruce Banner. Il m'a donné des conseils... Surprenants. J'ignore comment, mais il semblait vivre ce que je ressentais au quotidien. Il m'a beaucoup aidé. A force de méditation je pu reprendre mon apparence humaine.

Mais je dois faire attention de ne jamais laisser la rage me gagner. Au fond de mon esprit, une lutte permanente : l'homme contre la bête.



Sans prévenir, Oeil-de-Nuit vous reprend le carnet des mains. Il ajoute, d'une voix calme et assurée, mais emprunte d'une tristesse infinie : "la suite, tu la connais l'ami. Je suis là."

J'aime beaucoup ton style d'écriture et l'histoire est sympa

Je suis concepteur-rédacteur, donc j'essaye toujours de faire mon mieux en écrivant, donc merci ça me fait plaisir

Soit dit en passant, j'ai lu la tienne d'histoire, et c'était carrément tordant ! Pas du tout le même registre évidemment, mais vraiment vraiment marrant !

Merci bizu

ou ou? ou elle est l'histoire de Nique ta moquette man? j'ai cherché j'ai pas trouvé..c'est moi?

Parce qu'il me semble qu'elle est pas dans la section RP mais dans son post de présentation ^^

OK merci..^^